Art externe ou art interne ?


Quiconque s’intéresse aux arts martiaux chinois rencontre la distinction entre « art interne », pour qualifier le Tai Ji Quan ou le Qi Gong, et « art externe » à propos du Kung Fu. Selon une légende vivace mais contredite par les recherches historiques contemporaines, les pratiques « internes » auraient pour berceau le monastère de Wudang tandis que celui de Shaolin serait à l’origine des « arts externes ». 


Largement diffusée en Occident, cette distinction oppose disciplines externes reposant sur la force physique pure (li) et formes internes privilégiant maîtrise de la force souple (jing) par le contrôle de la respiration et le relâchement. Même si elle est utile, il s’agit là d’une vision réductrice car les principes de base de ces disciplines sont en fait identiques ; seules les pratiques diffèrent… Toutes prônent la maîtrise du qi, ou énergie vitale circulant en chaque individu, qui va se traduire de manière différente dans l’une ou l’autre discipline.


Le qi, une énergie primordiale

Le qi (ou chi) est ce fluide de vie circulant en toute chose et la structurant. Il est souvent traduit par le terme « énergie » en Occident alors qu’il est aussi synonyme de « souffle » dans la langue chinoise.


Selon la conception extrême-orientale, chaque être détient une parcelle de l’énergie vitale primitive qui circule en lui et le met en relation permanente avec le monde qui l’entoure. Chez l’Homme, le réservoir du qi est situé dans le ventre, sous le nombril (dan tien, le centre de gravité des Occidentaux) mais peut être également généré localement par la concentration du mental (yi).


Jing et li

La puissance engendrée par les muscles sans soutien du qi est appelée li. C’est la force musculaire pure qui suit l’évolution de l’individu jusqu’à son déclin : en vieillissant, elle diminue et le li s’affaiblit. Toutefois, si un individu exerce son mental et apprend à le concentrer (yi) sur les muscles utilisés, il développera naturellement son qi de façon locale.

Quand le qi est impliqué dans un mouvement conscient, la force produite est appelée jing. Cette énergie présente extérieurement les caractéristiques du li mais, mobilisant surtout les tendons, elle permet aux muscles d’être relâchés : le qi s’écoule alors facilement, le mouvement est souple et insaisissable, la résistance aux coups est plus grande.